Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le blues sans jamais oser le demander
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Voici la première partie d'une longue histoire : celle du blues. Une musique dont les origines restent mystérieuses. D'aucuns disent que si cette musique touche le coeur des hommes, c'est en partie parceque c'est de là quelle vient. un jour un esclave a decouvert qu'on pouvait chanter ses souffrances et son mal de vivre. Cette histoire n'est certe pas un conte de fées, mais la musique qui en découle n'en reste pas moins magique. Il était une fois...


Dire que les origines du Blues sont mal connues tient de l'évidence et il n'est d'ailleurs pas difficile de comprendre pourquoi.
Comme toutes les musiques populaires issues d'une culture orale, la tradition du Blues a longtemps été mal documentée, et il aura fallu attendre les années 20 pour que soient realisés les premiers enregistrements d'artistes de Blues.

Cet intérêt tardif des maisons de disques n'a pas facilité les choses, mais il n'est pas seul en cause; en dépit de leur bonne volonté évidente, les premiers auteurs qui se sont penchés sur le berceau du Blues ont péché par leurs lacunes, tout simplement parcequ'ils étaient plus passionnés que musicologues (sans reproches aucuns). Pour ne prendre que les exemples de l'Anglais Oliver et de l'Americain Charters qui ont tous deux publié des traités sur les racines du Blues, le premier est architecte tandis que le second est poète.

Ces pionniers, comme la plupart des auteurs qui leur ont succédé, ont contribué à nous égarer en publiant des conclusions un peu hâtives sur l'importance prioritaire des "rétentions aficaines dans le Blues". Avec le recul, on se doit de constater le côté "raciste" de telles affirmations.

Une approche ethnologique plus nuancée m'amène à constater que le blues est l'expression culturelle d'une communauté largement plus métissée qu'on ne le dis généralement. La question qui se pose alors est de savoir si ce mélange, avéré ethniquement, se trouve confirmé par l'analyse musicale du Blues.

Pendant longtemps, la gamme pentatonique, qui est le fondement de ce style, a été source de confusion car elle fait dire à de nombreux auteurs qu'elle était la preuve flagrante de ses origines africaines. Si cette gamme différe effectivement de celle du répertoire classique occidental, elle est nettement plus répandue dans les folklores populaires européens qu'on ne le croit : présente de l'andalousie au croissant celte (Ecosse, Irlande, Bretagne), elle a été introduite en Amérique aussi bien par le biais des colons espagnols que par celui des immigrés des îles britanniques, tout autant que par les africains asservis, victimes de déculturation.

En réalité, les caractéristiques les plus spécifiquement africaines du Blues sont sans aucuns doute le "feeling" et le "groove", ces dimensions émotionelle et gestuelle de la musique, mal quatifiables mais immédiatement perceptibles dans toutes les formes d'expression musicale afro-américaines.

Une question lancinante qui se pose à ceux qui fouillent le lointain passé du blues est celle de sa naissance. Si l'on évacue d'emblée les narations romantiques qui situent cet événement très précisement en 1903 (date à laquelle W.C Handy aurait entendu un musicien itinérant chanter une étrange mélopéé sur le quai de la gare de Tutwiler, Mississppi), on constate que les témoiganges de tous les musiciens qui ont été intérrogés sur le sujet concordent : les premières apparitions de chansons qui réunissent l'ensemble des caractéristiques structurelles que l'on reconnaît au Blues remonteraient aux années 1890. Auparavant, certaines de ces caractéristiques seulement (modalité, thématique,...) auraient déjà été présentes dans les chants de travail ("field hollers") ou les "spirituals".

A partir de 1912 et de la publication des premières partitions de compositions portant l'appellation de "Blues", ce style musical qui se cherche encore va se trouver brusquement formalisé. Les Blues enregistrés des "chanteuses classiques" (Ma Rainey, Bessie Smith, Billy Holyday) ne vont que confirmer cette formalisation. Le ragtime, très populaire à la fin du siècle dernier et largement accessible grâce à la partition, aura joué un rôle d'importance en familiarisant le public avec la syncope rythmique, utilisée à son tour par les compositeurs classiques (Debussy, Ravel) comme par ceux de Braodway (Berlin, Gershwin).



En attendant la suite de cette longue histoire, toutes questions, commentaires ou suggestions sont les bienvenus...